François Ier, portrait vérité d'une légende 

 L'exceptionnelle destinée de  François Ier

 1515, une date clé du roman de  l'Histoire de France

 

1515, victoire de Marignan. Une date qui résonne comme un coup de canon dans la tête de générations d'écoliers. Une date ânonnée pendant des siècles sans qu'à l'heure de la commémoration militaire 500 ans après, l'on en connaisse réellement l'histoire. 

Qui sait que Marignan est une ville italienne située au cœur d'une plaine maraîchère à 16 km de Milan? Qui se souvient que les soldats français se battaient contre des mercenaires suisses, invaincus depuis deux siècles ? Qui a appris qu’au petit matin du 14 septembre 1515, jour de la Sainte-Croix, le camp français a reçu le soutien décisif de troupes vénitiennes ? Qui imagine que cette bataille a été terriblement meurtrière coûtant la vie à plus de 16.000 soldats ?

 

Victoire du roi de France François Ier contre les Suisses alliés au pape Léon X lors de la bataille de Marignan, 13-14 septembre 1515.

 

Qui saurait dire l'influence de cette victoire, l'un des épisodes des guerres d'Italie commencées par Charles VIII en 1494 afin de contrôler le duché de Milan, sur le cours de l'histoire de France ? 

1515, c'est surtout le premier fait d'arme, d'un jeune roi, François Ier qui n'a alors guère plus de 20 ans. Il a été sacré le 25 janvier 1515 à Reims, quelques mois auparavant. Il n’aurait jamais dû être roi. Il est en quête de légitimité et, comme ses prédécesseurs, veut faire valoir ses droits sur le duché de Naples et de Milan. 

Après la guerre de cent ans, la France est un royaume puissant et riche, principale force économique et politique d'Europe qui avait besoin des richesses de l'Italie pour tenir son rang. 1515, une victoire retentissante. Elle sera la seule du long règne de François Ier qui durera 32 ans. Elle sera aussi la seule bataille victorieuse où le roi est présent.

 


Mais, Marignan... c’est où ?

 

« Marignan, en italien, c’est Melegnano, le nom d’une ville située dans la banlieue de Milan, plantée au cœur d’un entrelacs d’autoroutes et de béton. Sur le lieu de la bataille s’étale une immense zone commerciale », confie l’historien Didier Le Fur avant de préciser qu’un curé entretient, depuis sa petite église, la mémoire de ceux qui, il y a un demi-millénaire, périrent dans cette plaine marécageuse.

La superficie de la bataille aurait été d’une trentaine de km2 et regrouperait aujourd’hui l’équivalent de plusieurs communes. La légende veut que François Ier et ses troupes aient à l’époque écorché le nom de Melegnano et l’aient transformé en Marignan… dont nous avons gardé la mémoire ! Plus surprenant encore, ce n’est pas à Melegnano que les combats furent le plus acharnés mais à Zivido, une localité toute proche. À Marignan-Melegnano, les troupes de François Ier se sont contentées de patienter avant la bataille !

 

François Ier tient l'un des premiers rôles dans le roman de l'Histoire de France. Les souvenirs scolaires nous l'ont rendu familier. Pourtant, les historiens sont loin d'être d'accord sur l'image romancée et positive du héros de Marignan. 

Pour les uns, il est ce roi chevalier et prince modèle de la Renaissance, ami des arts et des lettres, roi galant, féru de culture, charmé par le talent d'artistes italiens comme Léonard de Vinci dont on dit qu'il recueillit le dernier souffle. Il serait aussi ce roi bâtisseur des châteaux de la Loire qui permit à l'architecture française de sortir d'un obscur Moyen Âge. Adoubé par le chevalier Bayard à Marignan, il aurait aussi fondé le Collège de France. Visionnaire, il aurait compris la nécessité d'unir son peuple en décrétant le français langue officielle du pays qu'il gouvernait.

 

La légende du chevalier Bayard 

 

Pierre du Terrail, noble dauphinois, est né vers 1475 au château de Bayard à Pontcharra dans la vallée du Grésivaudan (à 25 kilomètres de Grenoble dans l’Isère). Formé au métier des armes,  il participe à plus de vingt-cinq batailles et sert trois rois: Charles VIII, Louis XII et François Ier. Il est l’un des plus grands guerriers de son époque. Auteur de nombreux hauts faits d’armes, fin stratège, il s’illustre dans de nombreuses batailles, dont celle de Marignan en 1515. Sa force et sa vaillance deviennent légendaires.

  De son vivant, il acquiert le surnom «de chevalier sans peur et sans reproche». Il est mortellement blessé, en Italie près de Rosavenda, le 29 avril 1524, touché par un tir d’arquebuse dans le dos.  Courageux, généreux, loyal, le mythique chevalier est utilisé dès le XVIIe siècle et jusqu’au milieu du XIXe siècle à des fins politiques et patriotiques.

Le roi de France François Ier fait chevalier par Bayard à Marignan en septembre 1515. Illustration par Job extraite de l'ouvrage "Petite Histoire de France" de Jacques Bainville, 1930.

Au contraire, il est, pour d'autres, un souverain guerrier -il sera en guerre la moitié de son règne, dépensier, dominé par les femmes, à commencer par sa mère, Louise de Savoie, et sa sœur, Marguerite de Navarre, puis par une cour somptueuse, chantre de l'intolérance religieuse, faisant accroître, pour financer ses campagnes militaires, le poids de l'impôt sur un peuple docile. Propagandiste redoutable, il aurait compris le premier l'importance de l'écrit pour passer à la postérité.

Grâce à l'arrivée de l'imprimé au XVe siècle, il fait tirer de petits textes -les premiers articles- qui content et racontent ses faits et gestes. Ils sont lus à l'église, lors de petits rassemblements, au coin d'une rue. Dès que cela peut redorer son blason, ils sont même réécrits. Les «talentueux communicants» d'alors effacent les erreurs tactiques, font disparaître les acteurs qui font de l'ombre au roi, imaginent de nouvelles scènes glorieuses comme le récit de l'adoubement du roi à Marignan par le chevalier Bayard qui ne fait son apparition dans l'histoire... qu'après sa cuisante défaite de Pavie en 1525. Une piteuse bataille qui s'achèvera par l'emprisonnement du roi durant près d'un an en Espagne avant que ses fils ne le remplacent.

Le roi de France François Ier est fait prisonnier par César Hercolani à la bataille de Pavie le 24 février 1525. Tableau anonyme.
 «De toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur, et la vie qui est sauve»
Le 24 février 1525, François Ier est fait prisonnier en tentant d'assiéger Pavie, au sud de Milan, il écrit à sa mère Louise de Savoie dans la belle langue de l'époque.

 François Ier dans son siècle


Revivez Chambord comme à l'époque

Chambord est une œuvre d’art classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Grâce à Histovery, une start-up française spécialisée dans l’innovation au service de la valorisation du patrimoine, l’emblème de la Renaissance se visite désormais en 3D. Comme un voyage à travers le temps. Avant tout visuelle et interactive, cette visite « augmentée » propose aux touristes munis d’un écran tactile de voir l’invisible, de remonter le temps et d’être plongé dans une reconstitution virtuelle à 360° d’un château du XVIe siècle!

Interactif, pédagogique et ludique, l’HistoPad a nécessité plus d’une année de travail. Pas moins de 100 personnes y ont travaillé. Salle par salle, objet par objet, les espaces ont été ré-imaginés dans le respect des pratiques de l’époque. Un comité scientifique d’historiens a été constitué en collaboration avec le Musée national de la Renaissance d’Écouen pour traquer les éventuelles invraisemblances. Suivez le guide !


La salamandre, l'emblème d'une famille

L’emblème de François Ier est la salamandre dans le brasier avec la devise « Nutrisco et extinguo » qui signifie «je  nourris et j’éteins». Cet animal mythique est selon la croyance insensible au feu. C’est au début des années 1460 que son grand-père Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, choisit la salamandre comme emblème. Louise de Savoie, sa belle-fille et mère du futur roi, reprend cet emblème à son tour. Au château de Fontainebleau, les salamandres représentées ne crachent pas une flamme, comme dans les autres châteaux royaux,  mais un épi de blé (symbole de prospérité ?).

Ce roi très chrétien qui n’hésite pas à faire alliance avec les Turcs

François Ier porte et revendique le titre de roi très chrétien donné par l’Église aux rois de France. Et par son onction à Reims le 25 janvier 1515, il se doit de respecter le serment du sacre. Protéger l’Église et défendre la foi chrétienne. Ce qui ne l’empêche pas de chercher à faire alliance avec l’Empire ottoman pour contrer la puissance de son ennemi l’empereur Charles Quint -«le roi très catholique». Des contacts sont établis après la défaite française de Pavie en 1525 pour demander de l’aide aux Turcs. La régente Louise de Savoie, au nom de son fils prisonnier de l’empereur en Espagne, envoie des émissaires en Turquie. En février 1536, une alliance officielle est signée avec le sultan Soliman le Magnifique. C’est une première. Une alliance diplomatique entre un royaume chrétien et un empire non chrétien. «L’alliance impie» scandalise le monde chrétien. Connu sous le nom de «Capitulations», ce traité offre un droit de représentation permanente avec une ambassade, des avantages commerciaux, la protection des pèlerins se rendant sur les lieux saints. Cette alliance est stratégique pour François Ier. Il peut à présent compter sur la puissante flotte militaire ottomane -sous les ordres de Barberousse- pour contrer la flotte espagnole en Méditerranée.  Et les Turcs peuvent prendre à revers l’empereur. Par leurs conquêtes, ils sont arrivés jusqu’aux Balkans, aux portes du Saint-Empire romain germanique.

 Didier Le Fur, l'historien  dévoile le vrai François Ier

 Les derniers jours d'un roi

À la fin du mois de février 1547, François Ier a considérablement grossi et vieilli. Âgé de 52 ans, le roi de France est malade depuis des années… Mais, en cette fin d’hiver,  bien qu'affaibli par une forte  fièvre et contre l’avis de ses médecins, il décide de partir pour La Muette en compagnie de sa maîtresse Anne de Pisseleu, de son fils Henri et de sa belle-fille Catherine de Médicis. 

Après huit jours passés dans ce petit château en lisière de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, François Ier se sent mieux et souhaite rejoindre Villepreux, à environ 10 km à l'ouest de Versailles, pour accompagner une chasse. Malgré la fièvre persistante, il rejoint Limours, lieu de résidence de sa favorite, la duchesse d’Étampes, où il séjourne, trois jours. 

Début mars, il gagne Rochefort avec la ferme intention d’y suivre une chasse. Malheureusement, la fièvre ne cesse pas et les douleurs sont omniprésentes. Pour la première fois, il écoute ses médecins et accepte de rentrer à Paris. 

Trop faible pour entreprendre le voyage d’une seule traite, il est obligé de faire une halte au château de Rambouillet. À peine arrivé dans cette demeure peu confortable et trop exiguë pour accueillir une suite royale, François Ier est obligé de garder le lit. 

Le dimanche 20 mars, il est au plus mal et neuf jours plus tard, sa santé se dégrade encore. 

Le mardi 29 mars, François Ier reconnaît son fils Henri comme légitime héritier. Peu avant minuit, il est pris de terribles tremblements…  et souffre atrocement. 

Le 31 mars 1547, à 13 heures, François Ier s’éteint à Rambouillet. 

Selon la version officielle, François Ier est mort d’une longue maladie. En réalité, le roi de France a contracté la syphilis mais personne en France ne le saura pendant plus de trois décennies...   

Pire encore, on découvre trois siècles plus tard le compte rendu de l’autopsie pratiquée sur le corps royal. Les médecins ont constaté la présence d’une tumeur dans l’estomac. Les reins sont gâtés et les intestins qualifiés de « pourris ». La gorge est altérée par des ulcérations et les poumons sont également atteints. 

Pourtant, comme le rappelle Didier Le Fur : « Cette information n’entacha jamais le souvenir que les historiens, pour des motifs divers, bâtirent de ce prince. Il resta dans la mémoire collective un souverain magnifique, roi chevalier, prince galant, amoureux des lettres et des arts, incarnation d’un temps réputé glorieux à jamais perdu, celui de la Renaissance française.» 

La basilique Saint-Denis, sa dernière demeure

La nécropole royale de Saint-Denis, située à quelques kilomètres au nord de Paris, s’impose comme le plus important ensemble de sculptures funéraires du XIIe au XVIe siècle. Dernière demeure pour pas moins de quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses, dix grands du royaume. Parmi eux : François Ier. 

Érigé entre 1548 et 1559, sur commande d’Henri II, le tombeau de François Ier s’apparente à un mausolée et traduit l’ensemble des apports artistiques du XVIe siècle avec un arc de triomphe, des colonnes ioniques, une frise et une corniche finement travaillés. 

Face à ce mausolée, on remarque sur l’arcade principale un bas-relief représentant la victoire de François Ier à Marignan. Les détails soulignent non seulement la violence des affrontements mais souhaitent aussi imposer l’idée d’une postérité militaire du roi. 

Dans l’arcade principale, sans nier l’état de cadavre du roi et de la reine, Claude de France, la représentation royale veut montrer un roi dans son repos éternel…. Sur la partie supérieure du monument, François Ier et Claude de France sont représentés avec une de leurs filles et deux de leurs enfants priant. 

Jusqu’au 31 décembre, en collaboration avec le Musée national de la Renaissance (Château d’Écouen), la basilique présente une lecture/décryptage de la frise glorifiant la bataille de Marignan.

1515 en swinguant avec Annie Cordy 

Retour dans les seventies. En 1979, Annie Cordy fait un tabac dans les cours de récré. Les profs d’histoire la citent en cours. Et pour cause, elle sort une chanson entraînante et drôle qui célèbre la célèbre victoire de François 1er à Marignan. Le prétexte dit-elle « qu’il est dur de se rappeler les dates, les jours, les années où se sont passés les événements passés ». Et de chanter « Mais… Quinze Cent Quinze C'est épatant Quinze Cent Quinze C'est Marignan ». (source : lefigaro.fr

À vous d’écouter en testant vos connaissances sur François 1er.

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